Ceux qui croyaient qu'un ascenseur était fait pour monter.|Lorenzo&Kaleigh

**K.L.C** Sometimes, crazy's alright!

Ceux qui croyaient qu'un ascenseur était fait pour monter.

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Ceux qui croyaient qu'un ascenseur était fait pour monter.|Lorenzo&Kaleigh 25z18bt

- Merde, merde, merde, merde... Diantre quoi.

Le soleil vient de se lever, encore une belle journée... Ou pas. Il était tout juste huit heures et, son supérieur hiérarchique s'étant foulé la cheville en dansant le tango argentin, Kaleigh était censée lui apporter ses notes sur la nouvelle mode des furets domestiques à son domicile. Il y a quinze minutes. Clarifions les choses, le furet n'était pas sa grande spécialité mais son boulot à l'heure actuelle était de jouer au bouche-trou et de remplacer les journalistes absents ou momentanément défectueux. Son esprit pouvait ainsi zapper de la situation géopolitique dans la bande de Gaza à l'alimentation des chèvres ukrainiennes en élevage, et ce en quelques heures. Bref. Comme à sa grande habitude, la jeune femme était donc en retard. Ce matin, c'était à cause de son lapin Avogadro (Mercutio Porto Corso) qui avait tenté de se suicider en sautant de sa table basse, mais pas si basse que ça apparemment. Ou peut-être avait-il eu peur du léger air de zombie qu'elle avait au réveil. Quoi qu'il en soit, la jeune femme avait été obligée de le mettre en observation pendant une demi-heure au cas où il se mettrait à convulser ou à cracher des trucs bizarres.

Kaleigh courrait donc à grandes enjambées sur ses talons de huit centimètres en direction de la 5th Avenue Residency où habitait son boss, n'arrivant pas à s'ôter de la tête le triste fait que les demoiselles furettes pouvaient crever à force d'être en chaleur. Si c'était aussi le cas des humaines, elle serait déjà dans son urne depuis longtemps. Soit. Arrivée devant la grande et majestueuse façade de la résidence, Kaleigh ne put réprimer un "Et ben, il s'emmerde pas le coco!". En effet, rien que la vente de la porte d'entrée sur ebay lui permettrait de rembourser son prêt étudiant. Après quelques secondes de réflexion sur l'inégalité des chances, elle s'empressa de reprendre sa route vers sa destination. 7e étage à gauche. En courant vers les escaliers qu'elle comptait escalader quatre à quatre, ce qui devait arriver arriva. Son talon se cassa en un bruit sourd et sec. Elle aurait du se méfier, de telles merveilles à quinze dollars, même en période de soldes, c'est censé crier ARNAQUE à pleine voix. Elle avait probablement enfoncé ses écouteurs trop profondément dans ses oreilles ce jour là. Bref. Dépitée, la cheville endolorie mais décidée à ne pas se laisser démoraliser pour si peu, elle ôta ses chaussures, se dirigea vers l'ascenseur puis appuya frénétiquement sur le bouton d'appel. Son geste itératif ne servait absolument à rien et lui donnait un léger air de demeurée, mais qu'est-ce que ça défoulait!

Après trente secondes d'attente, la porte s'ouvrit enfin. L'ascenseur était vide. En apercevant son reflet dans la glace, la jeune femme fit une grimace. Elle ressemblait à un mix entre Xena la guerrière après un combat torride et Zora la rousse, dont le lit est fait de mousse. Si son patron la voyait dans un tel état, il la reléguerait probablement à la rubrique nécro. La jeune femme pénétra dans l'ascenseur et appuya sur le bouton afin de faire comprendre à la machine où elle était supposée la larguer, puis fit face au miroir. Elle avait 7 étages devant elle pour tenter de paraître présentable. Autant dire que ça risquait d'être tendu, mais impossible n'est pas Kaleigh.

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6h, le réveil sonne...

Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt comme le dit le dicton populaire... Enfin tout ça c'est un peu des foutaises, quand tu lèves t'es tellement dans le gaz que t'es incapable de posséder un truc, sauf peut être une bonne gueule de bois lors des lendemains de soirées... Et puis dans ce cas, quid des insomniaques? C'est le maitres du monde? Enfin bref, comme tous les matins, Lorenzo met fin au doux réveil que lui procure cette chanson immortelle de Sonny & Cher, et il a la tête dans le fion, comme n'importe quelle personne normalement constituée! Il était temps de passer à la première petite douceur de la journée : un bon grand café bien fort, vous savez, le genre qui déchausserait les dents d'un de ces vieux boucanier qui écume les océans imbibé de rhum 9 jours sur 7! Et voilà qu'après ingurgitation, le brouillard se lève, Lorenzo voit à nouveau le monde comme n'importe qui, même si des fois, ça vaut franchement pas le coup quand on voit ce qu'on a ramené la veille. Ne restait plus qu'une douche à prendre et à s'habiller pour prêt de bon heure et de bonne humeur pour aller au travail. Comme à son habitude, il reste longtemps, très longtemps sous la douche, s'accaparant l'eau chaude, au grand damn de son cousin et colocataire... T-shirt et jean enfilés, ne restait plus qu'à partir... Enfin presque, il a oublié ses pompes ce couillon... Et puis aussi de suivre sa petite ligne poudreuse... Mais si, vous savez, celle qui donne la forme et qui vous rend positif à n'importe quel contrôle anti-dopage! Enfin bon, il s'en foutait, il est pas sportif de toute façon...

New-York, un microcosme qui ne s'éteint pour ainsi dire jamais... C'est terrible quand même cette ville, quelle que soit l'heure du jour ou de la nuit, tu trouve toujours quelqu'un, de toute origine, voire même déviance, surtout la nuit... On a coutume de dire que l'on peut trouver ce qu'on veut à New York, à la limite on pourrait presque trouver un bar où l'on pourrait déguster des pommes avec un travesti albanais... Pas que cela soit un impératif à New York, mais après tout, faut pas mourir idiot comme on dit... Enfin bref, tout ça pour dire que ce microcosme a un lieu de prédilection pour se réunir : le métro New Yorkais! Le matin, on peut y trouver tout et n'importe quoi, cela va aussi bien du cadre stressé en train de revoir la présentation qu'il va faire pour sauver sa boite au punk qui se balade avec un canard en laisse et qui n'en à rien à faire de la vie, puisqu'il n'y a pas de futur... Ce matin, Lorenzo effectuait son trajet à côté d'un vieux pakistanais qui parlait à un sandwich, le genre de chose improbable qui devient presque banal à un certain moment... Après un quart d'heure de trajet, il descend et se rend à son boulot, comme des millions de gens ce jour là. Lorenzo bosse chez un petit disquaire, avec une paye pas bien faramineuse, il faut l'avouer... Mais bon, c'était suffisant pour dire à Stacey où elle pouvait trouver le CD de Justin Bieber, ou tailler le bout de gras avec grand père Isaac et de se dire que la musique, ben c'était mieux avant... Et aujourd'hui, mission très particulière pour le jeune italo-islando-américain, son patron l'attendait de pied ferme :

"Tiens, je t'attendais toi! Faut que t'aille livrer ça!
-C'est quoi?
-L'intégrale de Dick Rivers!
-Qui?
-C'est un rockeur français, c'est nul, mais bon, le gogo a payé cher pour l'avoir. C'est un vieux je crois, il peut pas se déplacer pour venir réceptionner le truc, donc tu vas lui amener!
-C'est loin?
-Non, t'y seras rapidement en métro!"

Et c'était reparti pour un tour... Nous passerons les détails de ce nouveau trajet, même si la partie où un immigré russe et rentré dans le wagon et a chanté une version assez particulière d'un chanson de Lady Gaga était assez surprenante! Enfin bref, il se retrouve devant ce grand bâtiment, le genre de bâtiment qui indique ton niveau de vie et qui fait rêver les badauds qui pense que leur travail a un but et qu'un jour, cela leur permettra de s'offrir un truc comme ça... Les naïfs... Lorenzo lui s'en fichait un peu, l'important, c'était d'avoir un toit au dessus de sa tête, après tout, s'il fuyait un peu, c'était pas grave, ça serait toujours ça de moins qu'il paierait à la compagnie des eaux! Il fallait toujours voir positif dans la vie, même là où il n'y en a pas... Il rentra dans le majestueux bâtiment, et jeta un coup d'oeil rapide à l'adresse... 8e étage... Hors de question de prendre les escaliers, et, comble de malheur, l'ascenseur était en train de se refermer... "Non, non, non, non, non, non!" Il parvint à temps jusqu'à l'ascenseur pour le bloquer avec son pied. La journée commençait bien, un bon point! Seulement, si il connaissait la suite, les escaliers n'auraient peut être pas été une mauvaise alternative...

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Kaleigh était en train d'expérimenter de nouvelles méthodes de contorsion visant à remonter la bretelle droite de son soutien gorge lorsqu'elle vit la porte se refermer derrière elle en réflexion dans le miroir. Elle prit alors une grande inspiration. La jeune femme était loin d'être ascenseurophile depuis qu'elle était restée coincée toute seule sans sa maman dans l'un d'entre eux à l'âge de cinq ans. Elle ne leur faisait désormais plus confiance et les évitait comme la peste. Pour tout vous dire, elle avait même du mal à fréquenter toute personne s'appelant Otis. Heureusement que ce n'était pas un nom très répandu. Quoi qu'il en soit, elle aurait préféré assister à un cours sur la composition chimique de la bave de lama plutôt que d'être ici. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle elle était prête à s'enfiler sept douzaines de marches deux minutes auparavant. Kaleigh fronça les sourcils lorsqu'elle réalisa que ce n'était plus du Kansas mais la chanson des Schtroumpfs qui atteignait ses tympans depuis le seul écouteur qui restait inséré dans son oreille, ce qui donnait à la scène un air carrément pathétique. Qu'est-ce ça foutait dans sa playlist? Probablement encore une blague débile d'un des multiples petits rigolos qui composaient son entourage. La jeune femme s'enquit de lâcher sa bretelle pour ranger son I-pod dans son sac en faux cuir.

** Roh, en plus j'ai oublié de m'épiler les sourcils. Je ressemble à la fille de Demis Roussos, genre. **

Kaleigh remarqua enfin qu'elle n'était plus seule dans ces quelques mètres carrés. Génial, elle allait avoir l'air fine si elle continuait à farfouiller à l'intérieur de son top devant un inconnu. Un inconnu? Pas vraiment. C'est ce qu'elle finit par comprendre lorsque que son regard croisa le reflet du jeune homme qui venait de franchir les portes de l'habitacle, in extremis. C'était Lorenzo, son cousin. Merde, Lorenzo. Mais qu'est-ce qu'il foutait dans un immeuble de bourges? Magnifique, elle était partie pour se prendre la tête et arriver encore davantage en retard chez son patron. Ce n'était pas à la nécro qu'elle allait finir, c'était à la porte. A moins que le trajet ne se déroule dans le silence le plus parfait et le plus pesant, qu'ils se quittent sans avoir échangé un seul mot et qu'elle poursuive le cours de sa journée avec en prime une humeur massacrante. C'était la peste ou le choléra, en somme. La jeune femme se mordilla la lèvre inférieure puis fit volte-face. Tant pis pour sa dégaine à la Amy Winehouse un soir de cuite, la famille était plus importante que le boulot. Même si la jeune femme aimait se chamailler et taquiner les autres, elle ne supportait pas les conflits prolongés, surtout lorsqu'elle avait l'impression d'être injustement mise en tort et cette histoire avec Lorenzo commençait sérieusement à la faire enrager. Finalement, ce n'était pas si mal qu'ils se tombent dessus. Si elle y avait cru, elle aurait probablement dit que c'était un coup du destin.. A moins que ce soit Zelina qui ait trouver un moyen d'envoyer son cousin ici en lui faisant croire qu'il y avait un groupe de coréennes en furie qui reprenait "Nuit de Folie" sur le toit de l'immeuble et qu'il fallait absolument qu'il vienne voir ça. Elle en serait capable.. Cette dernière en avait franchement assez de cette affaire et tentait régulièrement de faire passer l'éponge à ses deux cousins. Mais même si elle souhaitait elle aussi que les choses s'arrangent, Kaleigh n'en démordrait pas. Elle n'était pas en tort dans cette histoire et elle ne comptait pas lâcher l'affaire avant qu'on reconnaisse son innocence.

"Cette histoire", c'était vraiment un truc à la con. Alors qu'elle venait de se faire embaucher, elle était tombée nez-à-nez avec un de ses collègues qui était en train de s'étrangler avec un bretzel à la chantilly. Il se tortillait tel un ouistiti dansant la tecktonick et commençait à devenir légèrement bleu. Heureusement, la jeune femme qui se rappelait vaguement de la manoeuvre de Heimlich réussit à lui faire cracher le bout de pâtisserie germanique qui obstruait ses voies aériennes. C'est ainsi qu'elle fut repérée par le partenaire du digne successeur de Bush Junior au concours des étouffements les plus débiles et qu'elle fut désignée pour remplacer la victime à qui le big boss avait accordé quelques jours de repos. Quelques minutes plus tard, Kaleigh était embarquée dans la rédaction d'un article sur les drogues en milieu scolaire. Si elle avait su que ça lui attirerait autant de problèmes, elle serait partie en courant après avoir fait sa bonne action du jour comme le français qui avait fait la une des journaux il y a quelques semaines. Mais à cette époque, elle était terriblement enthousiaste à l'idée de signer un gros article. En bonne journaliste, elle avait trouvé le moyen d'approcher un indic. Cette source était un dealer qui s'avérait être l'un des meilleurs amis de son cousin, ce dont elle ne se doutait absolument pas sur le moment. Le souci dans l'histoire est que, comme par hasard, le trafiquant de drogues s'était retrouvé en prison quelques jours après la publication du article et que depuis, Lorenzo lui en voulait à mort. Elle aussi trouvait la coïncidence légèrement suspecte et cherchait depuis à savoir comment l'information aurait pu fuiter, mais elle n'avait rien à voir là-dedans. Du moins, pas directement. Après avoir brièvement repensé à cet épisode, Kaleigh s'adossa à la paroi de l'ascenseur et continua à se déchiqueter la lèvre inférieure.

** Allez, les paris sont ouverts! Si il m'adresse la parole, je mets trois sachets de sauce pimentée dans mon panini saumon ce midi. **

Invité

Tel des héros de film d'action comme Steven Seagal, Lorenzo arriva à pic, juste avant que que la porte ne se ferme et pu prendre place au voyage fastidieux que l'ascenseur lui réservait... Il n'était pas seul dans l'ascenseur d'ailleurs, une fille à moitié défroquée, avec un talon cassé, le top du sexy en direct dans la place, à coté, Lorenzo, avec son jean délavé et son maillot au moins aussi vieux qu'un pack de lait périmé paraissait au top de la classe... Mais ce n'était pas cela le plus important, tout cela, c'était bien avant le drame, le temps de l'insouciance, quand les enfants couraient dans les rues que les pâquerettes poussaient et que McDonald servait encore le Royal Cheese... Non, là, ce n'était pas le genre de situation que Lorenzo affectionnait le plus particulièrement... En effet, il s'avérait que le sosie de dos de Lindsey Lohan après une dégustation de Chablis 1993 était en fait Kaleigh Corso... Mais qui est donc Kaleigh Corso? Kaleigh, fille de sa mère et de son père, est née le 3 juin 1986 à New York. Kaleigh aime la musique traditionnelle ukrainienne, le disco nord-coréen et la série "Les Intrépides". Mais surtout, Kaleigh est la cousine de Lorenzo. Génial direz-vous! Eh ebn en fait ps tant que ça! A la manière d'un clan corse, où Ange Patulacci en veux à Ivan Léoni car le grand oncle de ce même Ivan Léoni a vendu un âne boiteux au grand père de ce brave Ange Patulacci, Lorenzo en voulait pour une histoire similaire à sa cousine... Sauf que l'âne était un ami, et que la vente ressemblait plus à une délation... Enfin bon, ne rentrons pas dans les détails... Lorenzo s'installa à ses côtés et attendit péniblement la fin de l'ascension... Un grand moment de solitude qui lui rappelait le Vietnam...

Flashback vidéo...

Certes, il n'avait pas fait le Vietnam, mais dans ses délires de junkie, il aimait bien le penser... Enfin bref, l'ascension durait depuis déjà 9 minutes, enfin plus 22 secondes et 13 dixièmes, mais dans une situation inconfortable, on a toujours l'impression que cela s'éternise, quand soudain, un bruit se fit entendre, pas le genre de bruit marrant comme le bruit du micro-onde, mais plus un bruit dans le style quand un mignon petit lapin passe dans une moissonneuse-batteuse... Enfin bref, pas besoin de donnez plus d'explication, l'ascenseur s'était arrêté au 3e étage...

*Et mer..! Bon allez pas de panique, la situation pourrait être pire...*

Pas de panique, la situation pourrait être pire, comme il se le disait à lui même! Il y a toujours dans les ascenseurs un interphone en cas de blocage, relié à un gentil technicien qui va résoudre le problème plus vite qu'il ne faut pour l'énoncer! Lorenzo prend l'initiative d'appuyer sur le petit bouton pour le contacter : "Ouais, salut, en fait... On est coincé dans l'ascenseur... ; -Ah ouais, ben moi j'ai une gastro, chacun ses problèmes!"

Voilà, ça c'était fait! Les joies de l'entraide et de la solidarité en direct live! Bon et bien cette fois, la messe était dite, il allait falloir être patient, ou alors hurler comme un malade pour supplier de l'aide à un badaud qui passait dans le coin! Mais Lorenzo se refusait à la faire, ça faisait un peu pitié... Mais avec le problème qui allait survenir, peut être que sa chère cousine s'en chargerait pour lui. Il se résigna à lui adresser enfin la parole :

"On va avoir un soucis... J'ai envie de péter..."

**K.L.C** Sometimes, crazy's alright!

Rectification faite, Kaleigh aurait préféré assister au concert des Jonas Brothers, les attendre à la sortie pour leur demander un autographe et récupérer l'adresse de la bijouterie où ils avaient acheté leur bague de pureté plutôt que d'être ici. Ce qu'elle ignorait, c'était que les choses allaient empirer et que, pour le coup, elle aurait été prête à avaler un plat de mygales grillées à la sauce barbecue à l'occasion d'un rendez-vous avec Justin Bieber pour qu'on la sorte de cette saloperie de cabine. En effet, après d'interminables secondes d'ascension pendant lesquelles la jeune femme avait eu le temps de compter toutes les fourches des quelques mèches de cheveux qui tombaient devant son épaule et qu'elle fixait histoire d'éviter le regard accusateur de Lorenzo, et alors que l'écran venait à peine d'indiquer le franchissement du troisième étage, l'ascenseur se bloqua après un léger soubresaut qui la plaqua contre le miroir. Quelle galère. Cet épisode allait probablement éjecter du podium de ses matinées les plus pourries la fois où, après une bonne cuite et alors qu'elle avait été embauchée par le fils de son maître de conf pour jouer à la putois-sitter, elle avait laissé l'animal se suicider en sautant sous le métro sur le chemin du retour à son appartement et passé trois heures à arpenter tous les zoos et animaleries des environs afin qu'on accepte de lui en vendre un de substitution. Heureusement, le subterfuge avait plutôt bien fonctionné, probablement parce que putois bis était mort après avoir léché de l'eau de javel deux jours plus tard. Le couperet était retombé sur la femme de ménage.

Quoi qu'il en soit, ils étaient coincés tous les deux dans une pièce très agréable mais qui avait l'inconvénient de ne faire que deux fois la superficie de ses W.C. Son cousin tenta de prévenir le technicien mais celui-ci n'avait guère l'air concerné par leurs problèmes. Ils allaient en avoir pour un bout de temps. Kaleigh tentait de rester calme. Elle n'avait absolument pas envie de montrer qu'elle était en train de baliser. Il fallait absolument qu'elle occupe son esprit. Oh tiens, elle venait de perdre son pari! Son cousin avait ouvert la bouche pour la prévenir qu'ils allaient bientôt tous crever d'asphyxie. Finalement, la jeune femme serait prête à tout pour pouvoir sortir de cette saleté d'ascenseur à temps pour pouvoir remplir son gage. Elle pourrait même vider des sachets de sauce dans son panini jusqu'à ne plus sentir le goût du salmonidé irlandais.. En attendant, elle savait bien que négocier avec elle-même ne servait pas à grand chose.

- Merci de me tenir au courant de l'état de tes intestins, monsieur le bison futé des gaz!

Kaleigh souffla. Ce que venait de sortir Lorenzo était franchement la dernière chose qu'elle avait besoin de savoir. Elle décida d'essayer à nouveau de persuader le technicien de reposer son beignet et de lever son cul de sa chaise, espérant qu'il serait plus coopératif avec elle. Elle traversa donc la cabine et appuya sur le bouton d'appel.

- Allez monsieur, vous allez pas me laisser asphyxier ici! Si vous acceptez de me sauver la vie, je vous offre trois boîtes d'Imodium Lingual! Cadeau! ..... Monsieur? Monnnnsieur? Génial il est parti...

Kaleigh se mit à faire les cent pas, ce qui était assez dur compte tenu de la superficie de la cabine. Elle sortit son téléphone portable et commença à composer le nineoneone avant de se rendre compte qu'elle n'y captait que dalle. C'en était trop. Elle sentait que son rythme cardiaque augmentait encore davantage que lorsqu'elle se retrouvait face à face avec Thomas Sawyer en cinquième. Oui, ses parents étaient de sacrés farceurs. Mais il n'empêche qu'il avait trop la classe quoi. A l'époque. La dernière fois qu'elle l'avait croisé, elle avait appris qu'il se déguisait tous les soirs en homard devant un restaurant de fruits de mer de Brooklyn et avait décidé que prendre plus d'une douche par semaine n'était pas assez écologique pour sa conscience verte. Bref.

- Putain il est fait en plomb leur ascenseur ou quoi? Lorenzo faut qu'on fasse un truc! Genre passer par le plafond, j'en sais rien!

La jeune femme commençait à être désespérée et vraiment à cran, encore plus que lorsqu'elle avait perdu son distributeur à bonbon Pez à l'effigie de Daisy dans l'Hudson River lors d'une ballade en famille. Elle avait voulu plonger dans le fleuve pour sauver la canne en plastique mais son père l'en avait empêchée au dernier moment en la rattrapant par son caleçon 101 Dalmatiens (et oui, que voulez vous, les années 90...). Or, quand elle était stressée, Kaleigh parlait. Beaucoup. Et principalement pour dire des conneries. La jeune femme attrapa son talon cassé et se mit à taper avec sur la porte.